mardi 15 mai 2018

Velier live 2018


C'est à une heure très matinale que le départ vers l'aéroport est programmé, je sens que la journée risque d'être longue. Donc départ à 4h00 du mat vers Bruxelles. Trajet sans grand intérêt, arrivée à Milan dans les temps, on récupère la voiture de location, on suit gentiment google maps qui nous fait éviter les bouchons matinaux et nous voilà déjà devant chez Cremaschi. Bon 1 heure trop tôt mais cela nous donne le temps de déposer la voiture à l’hôtel et de revenir à pied.

Nous voilà donc à nouveau devant la place stratégique et il ne nous reste plus qu'à attendre nos comparses qui eux passaient par Bergame.


Check-in rapidement expédié, goodies et verre récupérés et nous voilà donc dans la place.

A peine arrivé dans le hall, nous nous dirigeons vers un des stand de rhum pour débuter la journée.
Un petit rhum plus loin (on en reparlera après promis). Et on en profite aussi pour dire bonjours à des collègues français et enfin mettre un visage réel sur certains contacts facebook. J'aurai voulu faire plus ample connaissance mais la journée est passée vraiment vraiment trop vite.


Un petit cocktail nous est proposé très amicalement.


Bon ensuite, je dois avouer que en ce qui me concerne je n'ai plus vu le hall principal de la journée. Très vite une gentille fille de Gargano nous signale que l'on a dixit un salon VIP qui a été prévu pour les grands amateurs que nous sommes. Le moment d'étonnement passé, nous nous sentons obligés de nous y rendre.

Et là bardaf, on se retrouve face à cela. Les yeux sont presque sortis de la tête et vous comprenez pourquoi je n'ai plus quitté cet endroit jusqu'à la fin de l'évènement.


 Je dois avouer qu'au delà de la sélections extra-ordinaires des bouteilles, notre ami Gargano était en mode partage et que sa proposition de découvrir avec ses explications ses nouveaux (ou une partie en tout cas) embouteillages a juste été un moment incroyablement intéressant.


En plus fromages et charcuteries n'attendait que notre bon vouloir, heureusement car je n'avais pas encore mangé de la journée.

On n'est pas bien là !

Et la journée s'est poursuivie a une vitesse incroyable ponctuée d'ouverture de bouteille improbables... nous y reviendrons dans mon descriptifs qui sera j'avoue succinct tant j'ai privilégié le moment plutôt que mes notes.


Une journée incroyable, des découvertes terribles, des partages intéressants. Un petit regret de n'avoir pu profiter du salon et en particulier des autres spiritueux. 

Même sans ce petit salon dédié aux amateurs que je prend comme une chance exceptionnelle, je suis convaincu que la journée aurait été extraordinaire. 

Donc moi je dis, a faire, refaire et encore re-refaire.

En ce qui me concerne plus personnellement, une gestion de ma nourriture plus rigoureuse en temps et heure m'aurait permis probablement de poursuivre la soirée plus tardivement et de visiter Crema.

Après quelques heures de sommeil, c'est déjà le départ vers l'aéroport à l'aube (en fait juste un peu avant), retour a domicile avec des images pleins la têtes, du rhum plein les papilles et pas mal d'heure de sommeil à récupérer.

Parce que cela serait dommage de ne pas garder de souvenir et même si mes notes sont basées sur le souvenir de mon ressenti d'il y a quelques jours et donc très parcellaire, je vous partage donc mes souvenirs limités. Perdonami !

1-Karukera 2011 - Ed 70ans Velier - 54.1%



On est ici dans un vieillissement de 6 ans en fut de Xeres.
On est toujours sur la même lignée de produits Karukera avec un fruité et une douceur nous accompagnant au nez et en bouche. Des fruits rouges, des fruits confits, du sucre demerara, le tout bien intégré dans une agréable rondeur.
Ce n'est pas super long mais reste très agréable.

2-Clairin Ansyen Vaval 21 mois - 48.6%


Lucas nous explique qu'il souhaite garder le produit initial et ne pas trop le dénaturer et donc qu'il ne laissera pas les jus trop longtemps en futs. Le vieillissement sera exprimé en mois (dixit comme le parmesan). Le résultat est là même si la vanille, les agrumes, le boisé se font leur place, on garde le côté pêchu et végétal du Vaval. Même si je préfère la version non vieillie, je m'y replongerais avec plaisir.

3-Habitation Velier Hampden 2011 LFCH


Un Hamden fraîchement embouteillé d'une semaine et encore un autre mark. 
On est un peu moins dans l’extrême de son anagramme le bien connu HCLF et on est ici dans des sensations comparables au LROK. On est bien chez Hampden, pas de doute là dessus mais le taux d'ester plus limité rend la bête plus calme mais cela reste bon, très bon même. Le solvant, la banane, les fruits exotiques sont bien là avec un petit côté végétal appréciable.


On reste en Jamaïque mais on change de distillerie et on part vers trois nouveautés pas encore embouteillées enfin si quelques bouteilles puisqu'elles sont là mais les étiquettes sont provisoires (donc ne regardez pas le degré d'alcool cela se situera plus haut que les 60% indiqué par défaut).


Les premiers produits issus de chez Long Pond en vieillissement full tropical a être embouteillé sous la marque Long Pond.

Luca en profite pour nous rappeler son combat pour le vieillissement tropical au lieu de production. Toujours intéressant car les profils sont vraiment différents des vieillissement continentaux.

Il nous explique longuement aussi son travail sur le recensement de toutes les Mark de rhum depuis le milieu du 19ème siècle et de la base de donnée qu'il est en train de construire sur le sujet. Les blenders européen sont habitués à commander d'après ces Mark et ne savent pas toujours que PM vient de l'alambic Port Mourant. Les blenders ont aussi besoin que ces produits soient assez stables et produits en quantité suffisante. Donc lorsqu'une distillerie disparaît, il est assez courant que la recette et donc le Mark soit repris par une autre. Si le nouveau produit ressemble à l'original, le mark se poursuit, si la reproduction est plus difficile il arrive que la Mark disparaisse purement et simplement. Cela sera un cas positif pour le premier produit de Long pond que nous allons déguster un Vale Royal. La distillerie Vale Royal a disparu au milieu des années 1950 mais la recette et donc la Mark a été reprise par Long Pond. 

4-Vale Royal 2006



Un nez d'une richesse incroyable, avec des fruits blancs, exotiques, des fruits confits, un aspects floral, de la vanille, du végétal,cela évolue tout le temps et mériterai beaucoup plus de temps pour le laisser s'ouvrir. En bouche c'est aussi une explosion de fruits, de fleurs, de miel. La longueur ne gâche rien en restant dans les mêmes notes. C'est délicats et riche et vous avez déjà compris, c'est mon préféré.

5-Cambridge 2005


Le nez est un peu plus sauvage et alcooleux mais encore une fois notre temps d'ouverture a été limité.
Le boisé est plus présent ainsi que l'amertume en bouche. Le fruité est toujours là mais je dirai que l'ensemble me semble moins intégré. Le terme continental flavored me laisse perplexe mais je ne l'ai remarqué que sur la photo, faudra que je me renseigne. 

Bon merci à Cédric, j'ai maintenant l'info : Continental Flavored est comme Wedderburn une classification des rhums jamaïcains. Donc nous avons (Source durhum.com) :

– Common Cleans : entre 80 et 150 esters. C’est le style le plus courant, léger et floral. C’est aussi le plus récent, inventé dans les années 50 pour répondre à une demande de production de plus en plus forte. Il est produit à partir d’une distillation en colonne continue (à 96%) principalement pour le marché US. Il reflète le moins la typicité des rhums jamaïcains, bien loin des rhums ‘puants’, mais économiquement plus rentable. En anglais on parle de  light body et  extra light body (rhums légers et ultra-légers).

– Plummers : entre 150 et 200 esters : léger et fruité, medium body

– Wedderburns : plus de 200 pour un rhum aux arômes plus corsés/lourds, un fruité plus prononcé et piquant (pungent). un rhum lourd (heavy body).

– Continental Flavoured/High Ester : entre 500 et 1700 esters, aux arômes extrêmes, le plus concentré de tous, à l’odeur d’acétone (colle à  maquette/diluant à ongles).

6-Long Pond 2003


Là c'est mon second chouchou des quatre, on est dans le Long Pond classieux, fruité, végétal et délicat comme certains vieillissement continentaux mais boosté par le vieillissement tropical. Au nez aussi c'est très floral. C'est encore une explosion de saveur tant au nez qu'en bouche. 

7-Long Pond 2007


On est dans le même registre que le 2003 avec du fruit, de la vanille, du végétal mais un peu moins cohérent je trouve. Cela manque d'un fil directeur.

Mon classement sera donc le Vale Royal suivi du Long Pond 2003 ouis plus derrière le 2007 et enfin le Cambridge. Mais quelle expérience !

8-Antigua 2012  Ed 70ans Velier


Encore une belle histoire de tonton Luca, puisque lors de son voyage aux Caraïbes, il avait une journée à passer à Antigua. Les conditions météorologiques ont fait que tout les vols officiels ont été annulés et que la seule solution pour Luca a été de chercher et finalement trouver un vol privé qui lui a coûté bonbon (et même un peu plus). Le voilà donc parti vers Antigua dans une avion en mode VIP qui le laisse assez de glace.
Arrivé sur place, visite de la distillerie et comme la réputation de Luca l'a précédé, on fini par lui montrer une série de fut qui sont des "erreurs" puisque ce sont des fermentations plus longue qu'à l'habitude et ceci est dû au fait que suite à une panne la distillation était impossible. Bref, cela a du trainer dans les cuves de fermentations plus longtemps et donc le jus a un taux d’estérification nettement plus élevé qu'à l'habitude. Et donc ces futs seront sélectionné par Velier et cela sera le premier single cask sorti de chez Antigua Distillery.

Donc distillé en 2012, un taux d'alcool de 68,9%, vieilli en fûts ex bourbon, avec 44% de part des anges et 212 gr/hlap d'esters.

On a ici un concentré de fruits confits accompagnés de quelques fruits secs, d'agrumes. Les watts sont bien présents mais c'est vachement bien intégré. Bref c'est bon.

9- RASC


Une des 58 bouteilles produites à partir de flacons (on n'en sait pas plus mais cela devait être des gros flacons) de 1954. R.A.S.C signifie Royal Army Service Corps et cela vient du fait que les flacons proviennent de la Royal Navy.

C'est très gras, sur les agrumes, les fruits rouges mais on sent l'age avec un boisé humide assez présent. On garde un aspect assez frais avec du menthol et une évolution vers un côté floral très agréable.

Juste un petit regret de ne pas avoir pris ou eu plus de temps pour le laisser évoluer mais la satisfaction d'avoir pu avoir quelques cl d'un bouteille si rare.

10-Saint-James single cask 2008



On est parti dans les fruits confits avec de la datte mais aussi des épices que j'ai du mal à me rappeler.
Cela reste très fruité avec de la banane bien mure, le chocolat mais le boisé est aussi très présent.
C'est long sur les épices, les fruits, le caramel et je trouve le tout bien intégré.

Bref encore une belle découverte...encore

11-Neisson 21 ans



Encore un vénérable avec 21 ans de vieillissement tropical, 290 bouteilles résultat du vieillissement de 3 futs bref les anges se sont régalés.

C'est juste d'une finesse incroyable, c'est floral mais aussi avec de délicats agrumes et d'autres fruits qui se suivent sans discontinuer. Cela part aussi vers le pâtissier avec une sensation de tarte, des fruits secs grillés, du chocolat . C'est bien sur boisé mais d'une douceur et d'une élégance rare.

12-Caroni 1985 - 58.8



Un bon, même très bon, caroni typique avec du végétal, des hydrocarbures, des fruits confits, des fruits exotiques. Bref il ne fait pas partie des versions sauvages et est très agréable, bien intégré, assez fruité comme je les aimes.
C'est très long sur les mêmes notes.
 J'y replonge volontier dès que possible.

13-Black Toth 1975


Embouteillage d'une vingtaine de bouteille apparemment, un bébé de 42 ans quand même.
Beaucoup d'attente et au final un peu déçu par un rhum trop sucré à mon gout, de la mélasse, du bois, du fumé, des fruits confits et une longueur assez limitée. Est-ce du aux précédentes dégustations et à son taux d'alcool sommes toute assez raisonnable 44.5% ? Bref je suis dubitatif, guère transcendé par la bête et comme j'ai peu de chance d'avoir l'occasion de le re-goûter, j'en resterais là.

14-Blairmont 91


Alors là on passe dans un tout autre monde avec un nez d'une complexité terrible avec des fruits confits avec de la pomme, de la poire, de la pêche, de l'abricot, des agrumes genre marmelade d'orange et du citron, on passe ensuite vers les fruits secs et enfin le boisé.
En bouche on a bien entendu du boisé mais qui n'écrase pas tout le reste avec toujours ce fruité et cette marmelade d'orange. Cela se poursuit par un côté plus végétal et reglissé.
C'est long sur les mêmes notes.

Bref top top.

15- Caroni 23 magnum 1994-2017 - 59.8%




Une autre licorne qui s'ouvre avec ce vénérable tropical de 23 ans avec un vieillissement jusqu'en 2008 à Trinidad et puis un transfert et une fin de vieillissement au Guyana. 109 bouteilles sorties.

Que dire, à part que c'est juste une tuerie. Encore un Caroni à la fois fruité, rond avec ces bonnes notes pétrolifères et végétales juste présentes comme il faut. C'est long, cela laisse un sentiment d'en garder en bouche plusieurs minutes. Encore un grand moment.


16-Caroni 1996 Cremaschi



Le régional du jour avec l'embouteillage Velier en collaboration avec Stefano Cremaschi qui nous reçoit aujourd'hui. Je l'ai goûté il y a longtemps et je m'y replonge avec plaisir.

C'est floral au premier nez pour ensuite partir sur des notes pâtissières avec de la pâte d'amande, du gâteau, de la vanille. Les fruits confits voir la confiture multi-fruits complexifient l'ensemble. Les notes pétrolifères sont présentes mais plutôt en mode mineur.

C'est interminable et bien similaire à mon souvenir, pour moi un des meilleurs Caroni.

17-Maccalan Reflexion

Bon on termine par autre chose que du rhum mais cela aurait été dommage de passer à côté.
Donc Maccalan Reflexion dans une jolie carafe. 43% et élevage en fut de sherry.

Au nez, c'est très porté sur l'orange et les fruits blancs un peu acide, cela passe ensuite vers le plus gourmand avec du chocolat, du caramel, puis le boisé se fait sentir assez délicatement.

En bouche cela reste sur les agrumes, la pomme, le raisin et cet aspect gourmand chocolaté. En ressent aussi quelques épices mais très légers. 

C'est moyennement long sur les mêmes notes mais est-ce que mon palais pouvait encore ressentir quelque chose après le Cremaschi à plus de 70%.

Bon cela se termine là pour les dégustations avec un journée qui est passée à une vitesse incroyable, des bouteilles dans lesquelles j'aurais voulu me plonger et que j'ai du passer faute de temps, mais surtout un moment de partage intéressant avec un grand monsieur Gargano.

Vous pardonnerez mes notes assez brèves et je dois avouer n'avoir rien noté sur place et j'espère donc que ma mémoire ne me jouera pas des tours pendables.

Merci à mes compagnons de route et aux initiateurs de cette idée un peu folle.