jeudi 21 avril 2022

RhumFest 2022

 


Après une trop longue parenthèse pandémique, l'occasion était trop bonne de se replonger enfin dans l'ambiance d'un salon. Mon indisponibilité du week-end me laissait craindre à nouveau de rater l'évènement mais ayant pu bénéficier d'une entrée le lundi, j'ai donc pu en profiter.

C'est donc accompagné de Pierre-François que je remercie déjà pour les crédits photo, que de très bon matin, me voilà à la gare des Guillemins pour d'abord rejoindre Bruxelles avant de prendre le Thalys vers Paris. Thalys bondé, Pierre-François à l'autre bout du Thalys bref il ne me restait plus qu'à passer le temps derrière mon écran en me plongeant finalement dans l'excellente série "Marseille", hommage à peine caché à Guillaume Ferroni qui était un des stands que je projetai de visiter.

Premier arrêt chez HSE pour découvrir les nouveautés. 
Présentation VIP par Cyril Lawson qui nous explique en détail son utilisation des différents type de fut. 


On en profites pour découvrir le nouveau blanc d'une très agréable gourmandise, le canne d'or 2016 vieilli qui est juste incroyable pour un rhum de cet âge bien qu'il perde un peu de sa typicité. 





Le 2006 n'étant plus en dégustation au stand pour cause d'une inamicale visite nocturne, nous en profitons pour replonger dans les finish Château la Tour Blanche, Marquis de Terme et le small cask 2014. Que du plaisir avec une préférence pour les deux derniers en ce qui me concerne.




Heureusement le 2006 était lui toujours disponible au bar des nouveautés et donc déplacements de quelques mètres pour le déguster.  Bonne surprise ce 2006 et on en profites pour déguster quelques agricoles de chez Savanna, Père Labat et Dillon. Le Dillon est vraiment très à mon goût cela aura pour conséquences un arrêt plus tard pour replonger dans une partie de leur gamme.



Ce fut donc l'étape suivante, Dillon avec en règle générale un rapport qualité/prix juste incroyable.

Un bon canne rouge puis un brut de colonne parfaitement maîtrisé. débutent l'exploration de la marque 
Bon j'avoue que je ne vois pas trop ce que je ferai avec un brut de colonne à la maison mais bon, je dois toujours avoir un genesis batch 1 au 3/4 rempli dans mon bar. Cela reste malgrè tout intéressant de découvrir ce qui sort de la colonne.


Retour aux vieux avec le 9 ans, ben oui pas de raison de ne pas se faire plaisir, le 12 ans, le 2013 FP et le 2004 qui pour moi est le mons intéressant. 



On poursuit avec une distillerie que j'avais envie de découvrir :  Baie du Gallion


Présentation sympa et complète mais la nuit a dû être courte pour le présentateur. De bon produits mais pas de coup de coeur en ce qui me concerne. Très heureux d'avoir découvert cette distillerie et intéressé de voir comment cela va évoluer.

Petit arrêt chez Depaz pour le 2002 et le SC 2003, toujours aussi sympa ces Depaz avec une grosse préférence pour le SC. 


On poursuit notre agricole tour (Dénomination non-protégée) par Saint-James avec le nouveau (en tout cas pour moi) blanc bio à différents degrés jusqu'au brut de colonne. Une valeur sure sans aucun doute.


En bonus je replonge dans ce millésime 1999 SC que je trouve toujours aussi agréable.



On change d'île pour un petit détour vers la guadeloupe avec Longueteau.



Un petit blanc pour se remettre le palais à zéro, la découverte de la parcelle 11, puis on plonge dans leur gamme expérimentale avec des finitions dans des fûts de chêne français de différentes origine du même jus. Qui dit différentes origines dit grain différents et donc échanges différents. Et cela se traduit gustativement avec des profils très différents. Vu les petites quantités, il sera probablement illusoire de s'en procurer une des quatres (seulement trois en dégustation) mais très heureux de l'expérience gustative.

Retour en Martinique avec trois rivières, et des cuvées toujours aussi agréables.


La suite est un peu moins logique avec des visites très dispensables chez Bullion et Bristol.


Puis retour à des choses un peu plus intéressante avec une petite visite chez Ferronni (La série Marseille dans le Thalys et tout ça...) où on zappe la foultitude de blanc vu l'heure qui s'avance pour se concerntrer sur les vieux avec les deux plus foncés  : un  magnifique australien ainsi que l'Antille FR. NON ce n'est pas du coca ;-)



On poursuit par plantation ou Mathieu Grouze nous fait découvrir trois jus qui flottent sur la seine pour un veillissement dynamique, vraiment top. Mais fin de journée rime avec pas de photo. Vraiment intéressant toutes les éxpériences en route chez plantation, WIRD et rhum of Jamaica. Bref on va se régaler.

Arrêt rapide chez Mhoba et sa gamme connue mais intéressante. Etonnant qu'une jeune distillerie arrive déjà à une telle maîtrise.



Alors que les messages de fin de salon retentissent déjà alors qu'il est à peine 17h00, On fait un dernier stop chez Old Brother avec AnTo qui n'en n'a que faire des messages de fin et continue à discuter et faire déguster ces produits. Cela sera notre dernier agréable arrêt.














lundi 25 novembre 2019

Les amis des amis des esters



Soirée un peu inédite pour les amis des amis du rhum puisque le thème ne sera ni un pays, ni une région, ni une distillerie puisque nous partons en visite aux pays funky des esters. Bref des breuvages qui ont comme point commun un haut degré d’ester.

Un petit Mai Tai apéritif lance la soirée d’agréable façon.


Cédric met son tablier blanc de petit chimiste pour rappeler à l’audience du jour que les esters représentent une partie importante des arômes qui nous envahissent lors de nos dégustations. 
Un ester est donc une réaction entre un alcool et un acide qui a lieu durant la fermentation, la distillation ou le vieillissement. Quelques petits exemples présentés avec des combinaisons d’un même acide avec différents alcools et les esters produits ainsi que les arômes ressentis.


Petite discussion aussi concernant le taux d’ester affiché sur les bouteilles qui pour éviter de mesurer les dizaines d’esters présents, est une mesure de l'acétate d'éthyle qui est l’ester le plus courant. 

On met son casque et son protège dents et c’est parti au pays des spiritueux qui saturent les papilles.

Latitudes - Grand Arôme de la baie du Galion - 60%


Une production de Martinique, ou on ne fait donc pas que du rhum agricole et de l’AOC. Nous sommes ici avec un rhum de mélasse qui est habituellement destiné à l’industrie et à la pâtisserie. Mais comme rien ne nous arrête on va le déguster pur.

C’est transparent et plutôt gras
Au nez cela part dans tous les sens avec des pelletées de fruits (Ananas, fraise, bananes, fruits exotiques (mangue, maracuja) mais aussi des fruits secs, de la cire, un gros végétal.

En bouche on part encore plus loin vers le médicinal, les épices, le foin, les olives et toujours ces fruits exotiques (banane, mangue) et ces fruits secs.

Le nez est plutôt sympa mais la bouche c’est plus extrême. Pour tout dire cela pourrait être intéressant en cocktail mais pur c’est à la limite du buvable.

Bows - HEOC 2018 - 57%



Distillateur français du côté de Montauban qui fait beaucoup (trop) de chose différentes.
On part ici de mélasse bio, avec une fermentation très longue avec dunder et ajout de vinasses, et la légende qui dit un ajout de la gastronomie locale et une rumeur prétend que cela pourrait être de la carcasse de canard. Je reste perplexe mais bon la légende est belle. apparemment carcasse de canard. Passage de 5 mois en cuve inox et au final un taux de 530g ester/hl

Tout aussi transparent.
Au nez on part dans la cire les fruits exotiques, le végétal, l’herbe coupée, la levure et plus étonnamment du curry.
En bouche on n’est guère surpris avec des épices, du curry, un végétal très amer et de la levure.
Bon cela arrache c’est amer en fin de bouche bref pas une expérience inoubliable en bouche. Cela s’améliore un peu en laissant la substance s’ouvrir dans le verre.

Dr Clyde - High Ester 2019 - 4 mois - 61,5%


On reste dans une distillerie européenne puisque on part vers trois-ponts pas très loin de chez nous. Que de chemin parcouru depuis les débuts pour en arriver à ce genre de produits.
On est ici aussi sur une fermentation longue, un dunder et une double distillation en pot-still.

Couleur paille
Au nez c’est funky avec de l’ananas, du citron, du solvant, du miel, de la pomme.
En bouche on part sur le miel, du végétal amer, de l’ananas frais, du citron, des épices, de la vanille, et du toast bien grillé.

Ben c’est plutôt sympa et pour tout dire, le premier truc que l’on peut déguster avec plaisir.
Intéressant et étonnant pour un produit si jeune.

Rum Nation - Savanna Grand Arôme 2006 - 12 ans - 59,7%


On part vers les pays plus tropicaux. Avec cet embouteillage d’un grand arôme Savanna par les italiens de Rum Nation. Un 12 ans intégralement vieilli en fut de cognac.

Cuivré
Au nez on part vers le médicinal, les aromates, les herbes, le menthol. Les fruits sont bien là avec de l’ananas, des fruits rouges. C’est doux et sucré.
En bouche c’est médicinal, très fruité, herbacé, rond, et  très vanillé.
C’est long est plutôt sympa à la dégustation mais cela reste hyper concentré et donc pas spécialement un dram abordable facilement.


Velier Hampden <H> 2010 7 ans - 62%


Faut-il présenter ce buzz de 2017 en bouteilles noire. Venant de chez Hamden avec dunder, muck pit et tout ça. Bref le funky jamaïcain en vieillissement tropical

C’est doré
Au nez, on sait ou on est avec du solvant,de l’acide et de l’ananas mais aussi un gros côté pâtissier, et vanillé. On s’égare ensuite vers des notes florales, des fruits rouges avec de la fraise et des fruits blancs avec de la pomme.
En bouche c’est pâtissier, vanillé, très fruité avec de l’ananas acide, et végétal.
C’est long sur les mêmes arômes.
Top quoi, un des meilleurs Hampden à mon avis.

Savanna Her 2006 - 10 ans - 63,8%


Retour chez Savanna avec le HER (High ester reunion). Commandé au départ par des teutons qui n’ont pas honoré leur commande et donc en conséquence sorti par la distillerie. Fermentation très longue, et taux d’ester très important.

Cuivré
Au nez c’est hyper concentré avec des fruits (pomme, ananas, fraise), des solvants, du végétal, un côté médicinal, des aromates.
En bouche c’est plutôt acidulé genre bonbons acidulés aux fruits, de la fraise tagada.
Encore une fois c’est super aromatique, sur le bonbon un peu trop et très végétal. Intéressant mais l’explosion d’ester ne le transforme pas dégustation au plaisir immédiat.


Mhoba Pot Still High Ester - 66,5%


On part pour l’Afrique du Sud avec Mhoba, jeune distillerie intéressante qui sort une foultitude de produits dont certains sont intéressants au vu de la jeunesse de la société.

Transparent

Au nez c’est fermier, terreux, sous-bois humide, avant de s'arrondir vers les fruits rouges et les fruits exotiques.
En bouche on reste sur cet aspect fermier, terreux, végétal amer, avec un fond de fruits confits et de sucre cuit.
Encore une fois mais c’est le thème cela sature les papilles, c’est intéressant mais à mon avis vaut mieux le mélanger dans un cocktail.

Mhoba - Strand 101 - 58%


On reste chez Mhoba avec un assemblage High ester avec le Glass cask dégusté il y a quelques semaines chez les amis des amis du rhum.

Cuivré
Au nez c’est très floral, avec en plus du caramel, du sucre roux, du miel. Vous avez compris c’est plutôt doux. On retrouve aussi les fruits avec de l’ananas et de la confiture de fruits jaunes. Quelques notes pâtissières continuent dans la douceur et la gourmandise.
En bouche cela reste dans la même ligne que le nez sur la douceur, les notes florales, le fruité, le beurré, le pâtissier.

Plutôt sympa avec quelque chose de finalement assez gourmand et plus plaisir immédiat que les autres monstres.

On peut aimer ou ne pas aimer les produits high ester mais je trouve intéressant de les goûter. Mais soyons clair avant d’acheter une bouteille de ce genre de produit, il faut vraiment bien aimer car cela sature tellement qu’on n’y replonge qu’une fois de temps en temps.

Les produits blancs sont de belles ouvertures vers des tests en cocktail pour amener du goût, des arômes différents.

mardi 10 septembre 2019

Oui mais enfin comment cela marche ? Pourquoi je sens de l'ortie de la Montagne Saint-Pierre ? - Petite introduction a notre ressenti olfactif et gustatif des spiritueux qui nous plaisent tant.



Cela fait déjà un petit temps que j’ai eu le plaisir de lire le livre de Richard Pfister intitulé « Les parfums du vin». Bon on s’écarte légèrement des mon domaine de prédilection que sont les spiritueux mais au final pas tant que cela puisque cela parle d’arôme, d’odeur bref de sensations lors de la dégustation. C’est avec l’accord de son auteur que je me permet ici de résumer certaines parties de cet ouvrage ainsi que mes réflexions, mes interpolations au monde des spiritueux et plus spécifiquement du rhum.

Et quand on voit les foires d’empoigne récentes concernant certaines notes de dégustations, il me semble utile de comprendre mieux comment et pourquoi, on ressent certaines odeurs et certains arômes et pourquoi certains nous sont plus agréables que d’autres.

D’abord une succincte présentation de l’auteur telle qu’elle se trouve sur le site de l’éditeur : Richard Pfister est ingénieur en œnologie et viticulture. Il dispense des formations en analyse sensorielle et prodigue des conseils en expression aromatique des vins. Cet ouvrage a été conçu d'après la classification des vins créée par lui-même en collaboration avec l'Ecole d'ingénieurs œnologues de Changins (Suisse), qui rayonne dans l'Europe entière.

Odeurs et arômes

D’abord, définissons les deux notions centrales que sont les odeurs et les arômes. L’odeur se sent par olfaction directe et l’arôme est perçu via la rétro-olfaction donc en bouche. Le terme arôme ne devrait être utilisé que lorsque les odeurs passent par notre bouche. Les arômes sont des odeurs mais les odeurs ne sont pas forcément des arômes. Un petit rappel succinct aussi est nécessaire pour rappeler que notre goût est relativement basique, on ne ressent sur la langue que les sensations de sucré, salé, amer et acide. Bref le goût ne nous permet pas de définir très précisément un vin ou un spiritueux. Ce que l’on nomme le nez est l’odeur ressentie par olfaction directe et ce que l’on nomme la bouche est un peu impacté par le sens du goût mais beaucoup par les arômes perçus en rétro-olfaction. La finale n’étant que l’évolution de cette sensation. Donc odeurs et arômes ont un rôle central dans notre appréciation d’un vin ou d’un spiritueux.

La naissance des odeurs

Les molécules des futures odeurs, naissent en premier lieu de la matière première, raisin pour le vin. Mais cette matière première est liée intimement à son environnement, à travers le sol qui fournit l’eau et les éléments minéraux, à travers l’air, à travers le soleil et la photosynthèse.

Ensuite viens l’extraction qui fait passer ces molécules aromatiques vers le moût pour ensuite passer à l’étape de la fermentation. Les levures, transforment le sucre en alcool et en gaz carbonique et produisent des molécules aromatiques qui vont s'ajouter à celles déjà présentes dans le jus. S’en suit l’action des bactéries et donc la fermentation malolactique qui amène encore d’autres profils aromatiques.

Enfin le vieillissement de par les interactions avec le bois ajoute aussi une couche supplémentaire de molécules aromatiques

L’analogie vers le monde des spiritueux et particulièrement le rhum est assez facile à amener.
La matière première est d’importance, on voit la mise en valeur de la variété de canne utilisée et la présence de nombreuses expressions mono-variétale comme les cannes bleues ou rouges. Les interactions avec l’environnement sont traduites dans le monde du rhum par de nombreuses expressions parcellaires comme par exemple les différents parcellaires de chez Longueteau.

L’étape de l’extraction est à nouveau similaire puisque la canne est broyée additionnée souvent d’eau ce qui transmet une grande partie des composants aromatiques vers le jus.

Nous éluderons ici la dichotomie entre rhum de pur jus et rhum de mélasse en ne sous-estimant pas la transformation moléculaire subie lors du chauffage et du processus d’extraction du sucre. Nous essayerons d’y revenir lors d’un autre article.

L’étape de fermentation est aussi comparable avec la production de composés aromatiques.

La distillation est une étape supplémentaire pour les spiritueux, il y a bien sûr concentration des arômes déjà présent après la fermentation mais le chauffage, le processus de distillation avec entre autre l’interaction avec l’alambic amène d’autres réactions chimiques et produit d’autres composés aromatiques.

Enfin le vieillissement et l’interaction avec le bois est comparable à celui du vin même si le degré alcoolique plus élevé à surement une influence.

Les trois types d’odeur selon l’origine

Une façon de différencier les odeurs est selon leurs origines.

Les odeurs primaires proviennent directement de la matière première donc du type de cépage mais aussi des interactions avec son environnement, la maturité du raisin…

Les odeurs secondaires sont liées à la vinification.

Les odeurs tertiaires se développent au cours de l’élevage.

Ici aussi l’analogie est facilement appliquée au spiritueux avec les odeurs secondaires liées à l’extraction, la fermentation et la distillation.

Des odeurs complexes

Rentrons dans le coeur du sujet, qu’est ce qu’une odeur ?

Une odeur est constituée d’une ou plusieurs molécules, parfois plusieurs centaines.
Lorsque l’on reconnaît par exemple une odeur de rose dans un vin cela ne signifie pas qu’il y ait de la rose dans le vin mais que l’on a repéré une ou plusieurs molécules présentes dans l’odeur de rose et cela nous fait par analogie penser à la rose. Bref toutes les odeurs que l’on sent dans un vin ne sont jamais parfaitement identique à celles de la nature. Seule une analogie de quelques molécules entraîne notre cerveau à associer le ressenti avec une expérience précédente et donc mettre un nom connu sur cette sensation.



Ce qui influence la description des odeurs

Les facteurs physiologiques

  • L’adaptation : Si on est constamment exposé à un stimulus, durant une longue période, la sensibilité à ce stimulus diminue
  • La relation entre certaines odeurs : certaines odeurs en rehaussent d’autres, peuvent les annuler voir entrent en synergie pour augmenter leurs intensités respectives.  

Les facteurs psychologiques

  • L’erreur préconçue : connaître ce que l’on déguste amène à s’attendre à trouver certains marqueurs que l’on risque de détecter même s’ils ne sont pas présents. La dégustation à l’aveugle est une solution pour éviter ce biais.
  • L’erreur d’habitude :  Selon l’ordre du line-up souvent croissant en intensité, inconsciemment, on s’attend que la dégustation suivante soit plus haute en intensité. Si ce n’est pas le cas, notre cerveau surestime souvent cette intensité pour la mettre en accord avec la progression du line-up.
  • L’erreur de stimulus : Certaines couleurs par exemple nous entraînent parfois vers des conclusions en ce qui concerne les odeurs associées. Ce n’est bien entendu pas toujours le cas.
  • L’ordre du line-up : 
    • Contraste avec la dégustation précédente
    • Effet de groupe comme par exemple sous-estimer une évaluation si le line-up est de haut niveau
    • L’erreur de centralisation : les dégustations du milieu du line-up sont souvent surévaluée
    • Le biais de position : le premier du line-up est souvent soit sur-évalué ou sous-évalué par manque de repères, le dernier aussi dû au nombre de dégustation et à la fatigue.
  • La suggestion mutuelle : La réponse est influencée par celle des autres dégustateurs. Même si rien n’est dit, le non-verbal peut influencer.
  • Le manque de motivation, l’humeur, les émotions du moment influencent aussi la description
  • La timidité : Certains n'oseront pas sortir des sentiers battus pour éviter les jugements des autres dégustateurs.

Comment perçoit-on une odeur ?

Pour qu’une substance soit perceptible, il faut bien entendu qu’elle soit volatile mais aussi suffisamment soluble dans le mucus pour atteindre et se lier à un récepteur olfactif.

Pour les geek, un petit schéma résumé de la chose qui est juste là pour démontrer que c'est toujours encore plus compliqué que ce que l'on a envisagé...même en tenant compte de ce principe. Retenez juste que la molécule doit être volatile pour arriver jusqu'à votre nez et soluble pour pouvoir accéder aux récepteurs olfactifs.



Les neuroépithélium de deux individus n’étant pas exactement identique, il est possible que deux individus sentant le même objet, ne sentent pas exactement la même odeur. On comprend donc pourquoi les descriptions des dégustations ne sont jamais semblables même si certains termes ou expressions proches se recoupent.

Toutes les molécules ne sont pas forcément odorantes mais environs 400.000 devraient pouvoir être senties, bien trop pour parvenir à toutes les mémoriser. La taille compte aussi pour la molécule ainsi que sa flexibilité afin d’entrer en contact avec plusieurs récepteurs et donc être plus facilement reconnue.

L’intensité et la détection des odeurs est aussi interdépendante. Selon que la concentration d’une molécule est plus ou moins forte, l’odeur ressentie peut être différente. Par exemple l’odeur de truffe peut être facilement interprétée comme celle de choux si la concentration diminue.

La perception des odeurs mettant en oeuvre plusieurs molécules est un autre champs d’investigation à envisager.

Comprendre les autres dégustateurs

Les exemples d’odeurs pouvant se ressembler sont légions. Ces odeurs sont surtout déterminées par les molécules principales. Par exemple le gingembre et la citronnelle sont cités comme ressemblants car ils contiennent tous deux la molécule du géraniol.
Cela permet de comprendre pourquoi quand un dégustateur perçoit du gingembre, l’autre percevra de la citronnelle. Ils sentent la même chose (le géraniol) et l’expriment différemment.






Ce qui me fait revenir sur le corps de ce livre qui reprend les principales odeurs du vin (mais on en retrouve beaucoup intervenant dans les spiritueux), divisée en 10 grandes dominantes (j’y reviendrai certainement un jour).


Mais surtout, chaque odeur est décrites avec les composantes moléculaires odorantes principales et avec les odeurs proches. Bref un monde aromatique qui s'ouvre et qui permet de comprendre un peu mieux pourquoi notre cerveau en arrive à certaine conclusions aromatiques.

C’est bien beau de reconnaître les odeurs mais qu’est ce qui détermine que c’est bon ou pas.

On s’écarte légèrement du livre pour tenter de déterminer pourquoi à partir d’une somme comparable de sensations odeurs, arômes, on en arrive à aimer ou ne pas aimer un breuvage. On peut certes arriver à des compromis en ce qui concerne l’intensité, la complexité d’un breuvage mais comment expliquer que certains aiment alors que d’autres détestent certains rhum comme les high-ester jamaïcain ou encore les Caroni de Trinidad.

Là encore plus que pour la perception des odeurs, le vécu individuel est primordial. Si de bons souvenirs sont associés à une odeur, notre appréciation sera positive et inversement.

Cela peut évoluer bien sûr et des sensations qui n’étaient pas spécialement agréables peuvent le devenir avec ici aussi un risque élevé de biais.

  • L’évaluation de ses paires : si dans un groupe les leaders aiment quelque chose, très vite, l’ensemble du groupe en arrive à évaluer positivement cette même chose.
  • L’habitude : déguster souvent des produits très intenses en arrive à les rendre plus agréables.
Ici encore, le champs d’interrogation et de recherche est vaste.

Je voudrais conclure doublement ces réflexions

La première conclusion concerne ce livre qui met en relation la chimie des odeurs avec les ressentis des dégustateurs. Je ne peux que le conseiller à tous les dégustateurs un peu curieux de comprendre le fonctionnement de notre nez et de notre ressenti des arômes.
Les parfums du vin
Sentir et comprendre le vin
Par Richard Pfister
Editions Delachaux et Niestlé

Ma seconde conclusion est que la physiologie de l’odorat est quelque chose de complexe, souvent individuel et où la vérité est toute relative. Les débats interminables et agressifs sur ce qui est bon et ce qui ne l’est pas me semblent inutiles et vains. Respectons les ressentis de chacun et si nous trouvons un partenaire de dégustations dont les ressentis sont comparables, acceptons juste la chance de le côtoyer (hein Jérôme !). Il est à mon sens illusoire de rechercher une évaluation universelle des spiritueux tant la neurologie de chacun est différente. Une évaluation ne peut donc être que personnelle. Ce n’est surtout pas une excuse pour ne pas partager ses ressentis que du contraire mais c’est un plaidoyer à l’ouverture d’esprit et que si votre voisin sent du gingembre quand vous sentez de la citronnelle, ce n’est pas très grave et si lui il aime cela et vous pas c’est encore moins grave. Donc goûtez, soyez curieux, faites-vous votre propre avis plutôt que d’écouter les sois-disant gourous qui n’ont de toute façon pas le même ressenti que vous. Ne soyez pas les esclaves des notes d'évaluation qui se trouvent à foison désormais mais créez vous votre propre référent sur ce que vous aimez et surtout ne soyez pas trop influencé par ce qui est à la mode ou hype d’apprécier..

Cet article ouvre aussi pas mal de questions à approfondir. Comme le sujet m’intéresse et est au final assez peu couvert, j’envisage de poursuivre mes recherches et de les partager avec vous. Si le sujet vous intéresse n’hésitez pas à vous manifester et si vous avez des infos n’hésitez pas à les partager avec moi.

mercredi 5 juin 2019

La Favorite Flibuste 88 et Sélection Brière de L'isles


La Favorite 2013 - 4 ans - Sélection spéciale Brière de l’Isles - 44%



Un assemblage de trois fut pour environs 600 bouteilles.

On a un cuivré assez clair.

Au nez c’est très gourmand sur les fruits confits, une vanille très présente et un côté végétal et frais. Cela évolue ensuite vers un côté floral.

En bouche c’est c’est végétal et épicé en perdant ce côté fruits confits qui se fait extrêmement discret. Le boisé et les épices prennent le dessus avec un petit côté mentholé.

Cela termine sur une amertume boisée.

Bon en conclusion j’ai trouvé cela bof.

La Favorite Flibuste 1988 - 40%



Bon là c’est déjà nettement plus foncé, on tire sur l’acajou

Au nez : C’est gourmand sur les fruits confits, le miel, les fruits secs et le caramel mais il reste un côté végétal assez frais et sympa. Un petit côté cire charpente le tout.

En bouche : Le miel les fruits confits sont bien là accompagnés de quelque fruits rouges confiturés mais c’est super doux avec toujours le caramel et le miel. La cire du nez devient pâtissière en bouche avec de la crème brûlée. Quelques épices enrobent le tout de façon délicate.
C’est bon cela, très (trop gourmand)

C’est plutôt long sur les fruits, quelques épices tout en restant incroyablement gourmand.

Jolie découverte d’un gros bonbon liquide. Faudra que je poursuive la découverte un de ces jours.


lundi 4 mars 2019

Un voyage dans le temps


Tous les voyants étaient au vert pour passer une soirée de dégustation plus qu’agréable. Un line-up improbable mélangeant rhum et whisky rares, pas mal de copains présents, des invités de marque avec Benoît Bail et Jerry Gitany de l’agricole tour / confrérie du rhum / brand ambassador Depaz et Simon Pierre Carré de la Martiniquaise et un Hubert en top forme impatient de passer un cap important puisqu'il deviendra cinquantenaire dès minuit.. Un coin du voile avait été levé sur une partie de line-up durant la matinée de quoi se préparer mentalement et anticiper le plaisir de la découverte. Finalement deux Depaz furent intercalés au milieu du line-up pour faire pencher la majorité du côté du rhum d’une courte tête.

Barbancourt 25 yo réserve Veronelli 1960



Sélection de Luigi Veronelli, écrivain, œnologue et critique gastronomique. Je ne connais pas d’autres embouteillages avec son nom. La légende dit que c’est Luigi Veronelli himself qui aurait découvert ce rhum dans les entrepôts de Barbancourt en 1960 et qu’il l’aurait ramené en Europe en 1985. Bref c’est du vieillissement purement tropical.
C’est une édition limitée à 1196 bouteilles de 70cl et titre à 43°.
Vieillissement en fûts de cognac uniquement ce qui était spécifique de Barbancourt de cette époque.

On serait donc peut-être bien ici sur un Pure single rhum agricole.
Mais un peu difficile de confirmer les pratiques des années 60 chez Barbancourt.
Etais-ce du pur jus à cette époque? On peut le supposer vu l’absence de sucrerie en Haiti.
En quelle années les alambics ont été remplacés par des colonnes ? je n’ai pas trouvé d’infos.
Donc si un gentil lecteur a plus d’informations, je serai heureux de les recevoir.

Passons à la dégustation

La couleur est cuivrée foncé, c’est gras et les jambes sont interminables.

Au nez on a des premières notes très confites sur les abricots, les dattes, l’orange, la banane. On a aussi un côté vineux et raisin sec qui évolue progressivement vers les fruits secs avec des noix et des amandes. Le côté gourmand est là aussi avec des parfums de vanille de chocolat, et de sucre Demerara. Cela se fait un peu plus brut avec de la réglisse, du tabac, du boisé, du fumé et ensuite s’aventurer vers le balsamique et les épices.
Nez très intéressant, riche et super agréable.

En bouche, on attaque en douceur sur le pâtissier, le caramel, le chocolat pour évoluer vers l’épicé, le végétal, le tabac. La sensation est nettement moins fruitée qu’au nez avec un côté un peu métallique, C’est moyennement long sur les épices, le végétal, et un petit côté frais.

Un nez extrêmement riche et une bouche un peu plus linéaire mais pas inintéressante. Un retour inspirant vers les anciennes production de Haïti et clairement un morceau d’histoire. On ne produisait pas de la même façon qu’actuellement et cela se ressent dans ce produit bien plus riche et bien différent que les productions actuelles.

Place au premier whisky de la soirée

Tormore 10 yo Dreher Import 1960 - 43%


Tormore est une distillerie de Pernod Ricard  qui produit très peu d’embouteillage sous sa marque. On connaît un actuellement un 14 et un 16 ans. Ils ont produits par le passé dans des quantités et avec un marketing confidentiel des 5, 10, 12, et 15 ans.La majorité de leur production est utilisée pour des blend comme Long John et probablement Ballantine et Chivas. Quelques embouteillages indépendants ont été réalisé dont ce celui-ci par Dreher embouteilleur italien comme son nom ne l’indique pas..

Une couleur doré

Un nez sur les céréales avec un côté très rond, très gourmand, très pâtissier, mielleux, des notes de massepain un petit côté levure. C’est aussi plein de fruits avec des agrumes (mandarine, citron), de l’abricot, de la pomme, de la poire. On a aussi de la cire des parfums résineux.

En bouche les céréales sont bien là ainsi que le côté pâtissier. Les fruits sont aussi très présents. C’est assez long vers la fraîcheur le menthol, les fruits frais et une pointe d’épice.

Équilibre et douceur sont les lignes directrices de ce beau produit. Vraiment une envie de découvrir d’autres expressions de cette distillerie.

St James 1930 1 L - 47 %


Rhum vieux âgé de max 5-6 ans .

Au nez on part vers le fruité avec de la pomme, de la banane et du melon, qui est accompagné de notes florales. Cela reste gourmand au nez avec du caramel, du pâtissier qui se poursuit vers la cire et l’encaustique, Des fruits secs et cette sensation de bonbon qui ne quitte pas le nez.

En bouche c’est frais avec des fruits et un côté un peu végétal. Le gourmand n’est pas en reste avec du miel, du chocolat qui fait doucement place à un boisé un peu amer puis une pointe mentholée et épicée. C’est long sur l’amertume végétale, le miel, le fumé et le boisé.

Un morceau d’histoire venant d’un temps que les moins de vingt ans… bon là je radote un peu mais il est toujours intéressant de plonger dans ces vieux embouteillages venant d’une époque où on prenait plus de temps pour réaliser les choses et où les productions étaient bien différentes.

Depaz Single Cask 2003 - 14ans - 45%


Bon on passe vers des choses plus récentes avec ce petit 2003
Fût de cognac - 670 bouteilles
Canne bleue et un peu de canne cannelle, terroir volcanique.

Joli cuivré assez gras

Au nez c’est floral, végétal, très frais avec un peu de menthol, sur les fruits un peu acide, ananas, agrumes, mais aussi de la noix de coco, des fruits exotiques. On a aussi un côté pâtissier et chocolat au lait. Le boisé est là aussi pour charpenter le tout.

En bouche c’est très doux, sur chocolat, le miel floral puis se termine avec un shoot épicé. C’est assez long sur des notes fruitées et mentholées.

Bien, très gourmand, rond, équilibré.  Un belle découverte comme quoi ce ne sont pas toujours les watts qui font la différence.

Depaz 2000 - 18ans - brut de fût (602)- 58,5%


2 futs ex cognac - 800 bouteilles
Une bouteille qui a fait le buzz à sa sortie mais maintenant a pu...

Tout aussi cuivré que le précédent.

Au nez, on a une sensation encore plus florale. C’est doux, pâtissier, chocolaté, avec du caramel,  des fruits confits. Il  évolue vers les fruits frais ananas, pomme...

En bouche on attaque sur le végétal et la canne avant de passer très vite vers le fruit, le chocolat et terminer par le végétal un peu amer, le tabac et les épices. C’est terriblement long.

Un exemple d’équilibre, de richesse et de cohérence entre le nez et la bouche.
Les watts sont là mais guère dérangeant par contre très astringent.

Old Speyside 1966 - 40 ans - 45,6%


Glenfarclass en fait mais la distillerie ne souhaitait pas communiquer leur nom.
Fut de Sherry Oloroso de 600L - 270 bouteilles restantes - brut de fut.

Très, très foncé.
Là on ne rigole plus au nez cela part dans tous les sens : des céréale, du très rond, très pâtissier, de la  levure, du soja, des fruits rouges, pruneau un peu acide, Cuir, tabac, fruits secs.

En bouche cela reste aussi d’une richesse confondante avec du très pâtissier, des céréales, pâte à crêpe, pruneau. C’est très long sur le fruit confit, les céréales.

Un seul mot Woaw superbe.


Ardbeg 1998/2010 Smell Like Teen Spirit - 46%


Single cask réduit à 46%

Doré plutôt clair

Au nez, pas de surprise on est bien dans le tourbé avec ses notes fumées. En dessous, on a des notes très pâtissière et mielleuse, du citron, des fruits jaunes, du foin.

En bouche, c’est gourmand, tourbé, pâtissier, mielleux, fruité. Sans surprise c’est assez long sur la tourbe et le mielleux. Cela reste gourmand sur tout la longueur qui se traîne dans le temps.

Au final un tourbé terriblement gourmand. Ma que c’est bon cela.


Au final mes préférés de la dégustation : Old Speyside - Depaz 2000 - Ardberg

Encore un moment improbable avec de chouettes découvertes.

dimanche 6 janvier 2019

Sample session #3



Quinzaine Panama du Belgium Rhum Club oblige, on débute par deux panaméens.

Abuelo Centuria - 40%



Il semble que cela soit au delà de 30 ans d’âge  mais bon qui dit Solera dit difficile d’avoir un point de comparaison.

C’est cuivré très foncé
Au nez on est sur le caramel, les fruits secs, les épices et les fruits confits. Quelques notes boisée et de tabac complètent cette sensation hyper ronde.

En bouche c’est très doux sur les fruits confits (pruneau, abricot), le miel, des fruits secs, une pointe d’épice et de cuir.

C’est très moyennement long sur la douceur.

C’est extremement gourmand et trop rond ce qui lui enlève toute longueur.

Duncan Taylor Panama 2004-13ans 53.3%



C’est cuivré

Au nez, on est sur les fruits secs et des notes végétales. On a aussi quelques notes de fruits frais (pomlme, raisin)

En bouche, c’est concentré sur les fruits confits et le végétal, le beurré et les épices. C’est riche et bien balancé.

C’est assez long, sur le confit et les épices.

Ben voilà un panama comme on les aime : riche, complexe, équilibré.

Samaroli Over the World 2017 - 29 ans - 45%



Un blend classique Barbades, Jamaique, Guyane.
Cuivré assez foncé.

Nez : fruits secs, noix de coco, une pointe végétale, ananas, agrumes
Bouche on reste sur la coco, le végétal avec pas mal de fraicheur et de la réglisse. Cela se termine par quelques épices.

C’est moyennement long sur la coco et le végétal.

Un blend bien foutu et bien équilibré qui penche plutot du côté de la Barbades.

Samaroli Yehmon No age declared 2010 - 45%



Doré assez clair

Le nez est très végétal avec des fruits secs et des fruits frais (ananas, mangue). C’est aussi un peu beurré.

En bouche c’est un peu acidulé, sur les agrumes, les épices, le solvant. On retrouve aussi l’ananas et d’autres fruits exotiques et du végétal.

C’est assez long sur cet acidulé et ce végétal un peu amer.

Très sympa, on vogue clairement vers la Jamaique Yeh man !
Encore un Samaroli sympathique.