lundi 4 mars 2019

Un voyage dans le temps


Tous les voyants étaient au vert pour passer une soirée de dégustation plus qu’agréable. Un line-up improbable mélangeant rhum et whisky rares, pas mal de copains présents, des invités de marque avec Benoît Bail et Jerry Gitany de l’agricole tour / confrérie du rhum / brand ambassador Depaz et Simon Pierre Carré de la Martiniquaise et un Hubert en top forme impatient de passer un cap important puisqu'il deviendra cinquantenaire dès minuit.. Un coin du voile avait été levé sur une partie de line-up durant la matinée de quoi se préparer mentalement et anticiper le plaisir de la découverte. Finalement deux Depaz furent intercalés au milieu du line-up pour faire pencher la majorité du côté du rhum d’une courte tête.

Barbancourt 25 yo réserve Veronelli 1960



Sélection de Luigi Veronelli, écrivain, œnologue et critique gastronomique. Je ne connais pas d’autres embouteillages avec son nom. La légende dit que c’est Luigi Veronelli himself qui aurait découvert ce rhum dans les entrepôts de Barbancourt en 1960 et qu’il l’aurait ramené en Europe en 1985. Bref c’est du vieillissement purement tropical.
C’est une édition limitée à 1196 bouteilles de 70cl et titre à 43°.
Vieillissement en fûts de cognac uniquement ce qui était spécifique de Barbancourt de cette époque.

On serait donc peut-être bien ici sur un Pure single rhum agricole.
Mais un peu difficile de confirmer les pratiques des années 60 chez Barbancourt.
Etais-ce du pur jus à cette époque? On peut le supposer vu l’absence de sucrerie en Haiti.
En quelle années les alambics ont été remplacés par des colonnes ? je n’ai pas trouvé d’infos.
Donc si un gentil lecteur a plus d’informations, je serai heureux de les recevoir.

Passons à la dégustation

La couleur est cuivrée foncé, c’est gras et les jambes sont interminables.

Au nez on a des premières notes très confites sur les abricots, les dattes, l’orange, la banane. On a aussi un côté vineux et raisin sec qui évolue progressivement vers les fruits secs avec des noix et des amandes. Le côté gourmand est là aussi avec des parfums de vanille de chocolat, et de sucre Demerara. Cela se fait un peu plus brut avec de la réglisse, du tabac, du boisé, du fumé et ensuite s’aventurer vers le balsamique et les épices.
Nez très intéressant, riche et super agréable.

En bouche, on attaque en douceur sur le pâtissier, le caramel, le chocolat pour évoluer vers l’épicé, le végétal, le tabac. La sensation est nettement moins fruitée qu’au nez avec un côté un peu métallique, C’est moyennement long sur les épices, le végétal, et un petit côté frais.

Un nez extrêmement riche et une bouche un peu plus linéaire mais pas inintéressante. Un retour inspirant vers les anciennes production de Haïti et clairement un morceau d’histoire. On ne produisait pas de la même façon qu’actuellement et cela se ressent dans ce produit bien plus riche et bien différent que les productions actuelles.

Place au premier whisky de la soirée

Tormore 10 yo Dreher Import 1960 - 43%


Tormore est une distillerie de Pernod Ricard  qui produit très peu d’embouteillage sous sa marque. On connaît un actuellement un 14 et un 16 ans. Ils ont produits par le passé dans des quantités et avec un marketing confidentiel des 5, 10, 12, et 15 ans.La majorité de leur production est utilisée pour des blend comme Long John et probablement Ballantine et Chivas. Quelques embouteillages indépendants ont été réalisé dont ce celui-ci par Dreher embouteilleur italien comme son nom ne l’indique pas..

Une couleur doré

Un nez sur les céréales avec un côté très rond, très gourmand, très pâtissier, mielleux, des notes de massepain un petit côté levure. C’est aussi plein de fruits avec des agrumes (mandarine, citron), de l’abricot, de la pomme, de la poire. On a aussi de la cire des parfums résineux.

En bouche les céréales sont bien là ainsi que le côté pâtissier. Les fruits sont aussi très présents. C’est assez long vers la fraîcheur le menthol, les fruits frais et une pointe d’épice.

Équilibre et douceur sont les lignes directrices de ce beau produit. Vraiment une envie de découvrir d’autres expressions de cette distillerie.

St James 1930 1 L - 47 %


Rhum vieux âgé de max 5-6 ans .

Au nez on part vers le fruité avec de la pomme, de la banane et du melon, qui est accompagné de notes florales. Cela reste gourmand au nez avec du caramel, du pâtissier qui se poursuit vers la cire et l’encaustique, Des fruits secs et cette sensation de bonbon qui ne quitte pas le nez.

En bouche c’est frais avec des fruits et un côté un peu végétal. Le gourmand n’est pas en reste avec du miel, du chocolat qui fait doucement place à un boisé un peu amer puis une pointe mentholée et épicée. C’est long sur l’amertume végétale, le miel, le fumé et le boisé.

Un morceau d’histoire venant d’un temps que les moins de vingt ans… bon là je radote un peu mais il est toujours intéressant de plonger dans ces vieux embouteillages venant d’une époque où on prenait plus de temps pour réaliser les choses et où les productions étaient bien différentes.

Depaz Single Cask 2003 - 14ans - 45%


Bon on passe vers des choses plus récentes avec ce petit 2003
Fût de cognac - 670 bouteilles
Canne bleue et un peu de canne cannelle, terroir volcanique.

Joli cuivré assez gras

Au nez c’est floral, végétal, très frais avec un peu de menthol, sur les fruits un peu acide, ananas, agrumes, mais aussi de la noix de coco, des fruits exotiques. On a aussi un côté pâtissier et chocolat au lait. Le boisé est là aussi pour charpenter le tout.

En bouche c’est très doux, sur chocolat, le miel floral puis se termine avec un shoot épicé. C’est assez long sur des notes fruitées et mentholées.

Bien, très gourmand, rond, équilibré.  Un belle découverte comme quoi ce ne sont pas toujours les watts qui font la différence.

Depaz 2000 - 18ans - brut de fût (602)- 58,5%


2 futs ex cognac - 800 bouteilles
Une bouteille qui a fait le buzz à sa sortie mais maintenant a pu...

Tout aussi cuivré que le précédent.

Au nez, on a une sensation encore plus florale. C’est doux, pâtissier, chocolaté, avec du caramel,  des fruits confits. Il  évolue vers les fruits frais ananas, pomme...

En bouche on attaque sur le végétal et la canne avant de passer très vite vers le fruit, le chocolat et terminer par le végétal un peu amer, le tabac et les épices. C’est terriblement long.

Un exemple d’équilibre, de richesse et de cohérence entre le nez et la bouche.
Les watts sont là mais guère dérangeant par contre très astringent.

Old Speyside 1966 - 40 ans - 45,6%


Glenfarclass en fait mais la distillerie ne souhaitait pas communiquer leur nom.
Fut de Sherry Oloroso de 600L - 270 bouteilles restantes - brut de fut.

Très, très foncé.
Là on ne rigole plus au nez cela part dans tous les sens : des céréale, du très rond, très pâtissier, de la  levure, du soja, des fruits rouges, pruneau un peu acide, Cuir, tabac, fruits secs.

En bouche cela reste aussi d’une richesse confondante avec du très pâtissier, des céréales, pâte à crêpe, pruneau. C’est très long sur le fruit confit, les céréales.

Un seul mot Woaw superbe.


Ardbeg 1998/2010 Smell Like Teen Spirit - 46%


Single cask réduit à 46%

Doré plutôt clair

Au nez, pas de surprise on est bien dans le tourbé avec ses notes fumées. En dessous, on a des notes très pâtissière et mielleuse, du citron, des fruits jaunes, du foin.

En bouche, c’est gourmand, tourbé, pâtissier, mielleux, fruité. Sans surprise c’est assez long sur la tourbe et le mielleux. Cela reste gourmand sur tout la longueur qui se traîne dans le temps.

Au final un tourbé terriblement gourmand. Ma que c’est bon cela.


Au final mes préférés de la dégustation : Old Speyside - Depaz 2000 - Ardberg

Encore un moment improbable avec de chouettes découvertes.